Pour la première fois depuis bien longtemps Microsoft semble avoir une stratégie assez claire pour la BI. Alors que ces 5 dernières années ils se sont limités à lancer deux ou trois ballons d’essais sans réelle conviction, ils sortent cette fois une nouvelle suite appelée Power BI. En décisionnel, ça ne leur était pas arrivé depuis le pack MSBI (et ses trois briques SSIS / SSAS / SSRS) sorti en 2005 avec ses mises à jour en 2008 et 2010. Cette nouvelle gamme de produits s’inscrit dans une tendance générale des acteurs du marché à assouplir les solutions BI, pour offrir des architectures clés en main accessible aux structure les plus modestes.
1/ Une tendance à la flexibilité sur les solutions BI pour accélérer les ROI
Avec Power BI, la nouvelle boite à outils de Microsoft est clairement concurrente à la précédente. L’idée est de rendre la main à l’utilisateur expérimenté et de s’affranchir au maximum des équipes d’intégrations « IT ». Centré autour d’Excel, hébergée dans le « nuage » (via Office365), elle propose du vrai reporting « sexy » pour favoriser la mise en récit (story telling) comme c’est la tendance du moment. L’intégration se fait en deux temps trois mouvements, sans gestion des rejets, pour que cela reste ultra-léger et accessibles à un utilisateur lambda.
Le constat est que les projets BI coûtent trop cher. Les éditeurs du décisionnel se recentrent donc sur des solution plus souples, plus rapides à déployer et avec des résultats visibles rapidement. Avec Power BI Microsoft se positionne clairement sur le terrain de Qlikview qui avait inauguré la tendance il y a 4/5 ans avec un succès fulgurant. En se risquant à l’analogie, on pourrait comparer cette évolution à l’arrivée d’Access dans les années 90 pour concurrencer les bases de données « lourdes » : on rend la main aux consommateurs de données, on allège le système d’information, l’interface est très orientée utilisateur etc…
Coté inconvénients, on peut se demander comment mettre en œuvre du Master Data Management (MDM) dans ce nouveau cadre. Car avec ce genre de solution on fait l’impasse sur une gestion « propre » et unifiée des données (vérification, data-cleansing, homogénéisation etc…). On va sans doute se diriger vers une multitude d’applications Power BI développées dans tous les coins, difficilement maintenables, trop user-spécifiques, avec des données dupliquées et incohérentes (un peu comme au bon vieux temps d’Access pour les plus anciens).
Bref le cauchemar des architectes ! Mais tel est le sens de la demande en ce moment…
Pour terminer sur le chapitre tendance, on remarquera que le marché des bases de données et des outils décisionnels est une alternance de type sinusoïdale en fonction des courants : on alterne l’ultra-centralisé, onéreux, géré par les équipes informatiques, avec le souple, décentralisé, géré au plus proche par les utilisateurs. Le tout sous forme de courants action/réaction: de « trop cher » on passe rapidement à « trop désordonné » puis de nouveau à « trop cher »… et ainsi de suite.
En survolant les 20 dernières années on a ainsi enchainé ces deux approches :
En complétant sa technologie « vieille école » (la suite MSBI) avec la nouvelle génération d’outils inclus dans Power BI Microsoft entend proposer des solutions couvrants les deux paradigmes.
2/ Power BI un peu plus en détail
Maintenant que faut-il retenir sur Power BI ? Le maître-mot de Microsoft sur son nouveau produits est « self-service ». C’est à dire que tout est accessible à l’utilisateur final – pour peu qu’il soit expérimenté et/ou formé.
Pour cela la firme de Redmond se base sur son « cheval de Troie » préféré: la suite Office. Power BI est donc complètement intégrée à Excel et hébergée dans le nuage (cloud) sur Office 365.
Après, Power BI est essentiellement composé de 3 briques (qui ont fonctionnellement remplacé quasiment trait pour trait SSIS, SSAS et SSRS):
- Power Query : l’intégrateur de données
- Power Pivot : pour définir le modèle de données
- Power View & Power Map : pour la restitution
Pour résumer – en poussant la comparaison entre les deux générations d’outils BI Microsoft – on pourrait avoir le tableau suivant:
« SERVICES » GENERATION (Première génération) |
« POWER » GENERATION (Seconde Génération) |
« BALLONS D’ESSAIS » | |
Année / Version | 2005 / 2008 / 2008 R2 / 2012 | 2014 | |
Localisation | Local | Cloud | |
Développeur | IT | User | |
Type | On-demand | Self-Service | |
ETL (Extract Transform Load) |
Integration Services (SSIS) | Power Query | |
Cube / Modèle | Analysis Services (SSAS) | Power Pivot | Report Model / Report Builder |
Reporting | Reporting Services (SSRS) | Power ViewPower Map | Business Scorecard Manager ProClarity |
Portail | Sharepoint | Office 365 |
3/ L’architecture de la solution Power BI
Du point de vue de l’architecture, Microsoft préconise une organisation classique des applications hébergées dans le nuage. On remarquera aussi les possibilités en terme de mobilités.
4/ Une opportunité pour les petites structures ?
En poussant un peu l’analyse, les solutions de type Power BI pourraient bien être une sacrée bonne nouvelle pour les organisations les plus modestes. En sortant MSBI il y a 10 ans Microsoft avait déjà révolutionné le décisionnel en proposant un outil clé en main, et financièrement bien plus accessibles que tous ses concurrents existants. Ainsi la BI, jusque là réserver aux « gros », devenait envisageable pour les moyennes entreprises. En développant aujourd’hui une suite de seconde génération encore plus légère, Microsoft accompagne le mouvement – amorcé par Qlikview – qui vise à démocratiser le décisionnel auprès des petites structures.
Réduire les coûts de développement, impliquer les consommateurs de données dès le départ, séduire les utilisateurs finaux avec un « reporting sexy » complètement intégré à Office, et ne pas avoir de maintenance à faire (ou presque), ce sont des arguments de poids, qui pourrait bien séduire PME et services plus modestes.
En savoir plus sur Power BI:
- Le site de Microsoft Power BI:
- Webcast du GUSS 2013 (Groupe des Utilisateurs de SQL-Server):
- Le blog de Chris Webb
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